L’incinérateur : un aspirateur à déchets
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Une technique chère qui crée de nouveaux polluants.

Il est bon de rappeler pour commencer, même si c’est l’évidence, pourquoi cette technique a eu tant d’attractivité pour la plupart des élus par le passé.
La croyance dans le feu purificateur donne l’impression d’une technique totalisante qui résout le problème une fois pour toutes. Par ailleurs, elle s’inscrivait dans la politique des chauffages collectifs de l’habitat social des grandes villes puisqu’on récupère la chaleur de combustion dans des systèmes d’échangeurs. Cette impression est une grande erreur.
D’abord, la combustion demande des installations très lourdes en investissement  : il faut injecter une grande quantité d’air comprimé dans un four mécanisé qui doit faire circuler les déchets dans la chambre de combustion pour optimiser la réaction. A la sortie, il faut filtrer les particules et les polluants avec des installations tout aussi compliquées et onéreuses.
Du fait de l’hétérogénéité des déchets, la combustion est incomplète et génère de nombreux micro polluants, jusqu’à deux mille molécules différentes. Parmi ces micro-polluants, les dioxines sont plus connues depuis le scandale de l’incinérateur d’Albertville/Gilly sur Isère, mais ils en existe beaucoup d’autres comme par exemple, les goudrons contenant des hydrocarbures aromatiques polycycliques, les furannes.
Et surtout, l’incinération est une machine à effet de serre puisqu’elle produit une grande quantité de dioxyde de carbone ( 950 kgs de CO2 par tonne de déchets.).
Au final, environ 30% du poids des déchets se retrouvent sous forme de résidus non combustibles  cendres et de suies. La partie la plus importante, appelée mâchefers est produite sous le four. Ces résidus sont plus toxiques que les déchets initiaux et leur élimination ne se fait pas de manière satisfaisante : Ils sont encore utilisés comme gravats sous les routes et risquent de polluer les nappes phréatiques.
Enfin, le contrôle sur en sortie de cheminée des gaz polluants comme les dioxines ne se fait pas en continu mais ponctuellement une à deux fois par an, sans compter les excès de pollution incontrôlés lors des incidents de fonctionnement.

L’incinération peut –elle être propre ?

Les défenseurs de l’incinération argumentent que les installations actuelles produisent de la chaleur et de l’électricité mais aucune étude d’analyse de cycle de vie n’a prouvé qu’en terme de réchauffement climatique, cette solution est plus intéressante que le recyclage.
Pour avoir une combustion comparable à celle d’une chaudière classique brûlant par exemple du bois ou du fioul, il faudrait avoir un combustible sec et homogène.
Compte tenu des mauvaises habitudes de tri des français, malheureusement accentuées dans les zones socialement défavorisées, cela est loin d’être le cas et l’on trouve encore beaucoup trop de déchets humides(reste de repas, déchets verts ..) et d’éléments incombustibles comme le verre ou les canettes d’aluminium contenant souvent des restes de liquides.

L’incinération, une machine à décourager le tri /recyclage.

Comme les centrales nucléaires, les installations d’incinération ne sont que peu modulables et ne peuvent fonctionner qu’avec un flux de déchets proche de la capacité nominale de conception.
On comprend donc bien que toute initiative pour réduire les quantités de déchets en amont va se heurter à l’impératif de nourrir le four en permanence pour conserver un fonctionnement correct.
On peut prendre ici l’exemple de Gilly /Albertville : après la catastrophe de 2001. Le département de la Savoie est entré un peu par la force du drame dans une attitude de tri/recyclage vertueuse jusqu’à ce que la réduction des déchets résiduels  soit trop forte et qu’il n’y en ait plus assez pour nourrir l’incinérateur de Chambéry où les Albertvillois envoient maintenant leurs déchets. Aujourd’hui, il n’y a plus d’action significative au niveau des grands élus du bassin d’Albertville.
Ce type de déresponsabilisation se retrouve partout  là où ont été construits des incinérateurs surdimensionnés : à Marseille par exemple où JC Gaudin se fout des déchets comme de sa première chemise.

EELV s’est engagée dans de nombreuses luttes locales pour réduire ou empêcher la construction d’installations onéreuses qui piègent les collectivités pour des dizaines d’années. Le cas le plus exemplaire est celui de Besançon où grâce à l’action des élus écologistes, la part de l’incinération dans le traitement des déchets ménagers et assimilés a été considérablement réduite.

Proposition de bibliographie